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Vivene Salmon: Orientée vers l’avenir

Je crois que la profession est en pleine mutation depuis quelques années, et l’ABC doit emboîter le pas

Photographie de Vivene Salmon
Photographie de Vivene Salmon

Dans un monde juridique secoué par un vent de changement, il y a toute une série d’enjeux – comme la technologie, la santé mentale, la diversité et l’accès à la justice – qui continuent d’influer grandement sur la pratique du droit, constate Vivene Salmon, vice-présidente désignée de l’Association du Barreau canadien pour 2018-2019. « Je crois que la profession est en pleine mutation depuis quelques années, et l’ABC doit emboîter le pas ».

Vivene Salmon espère encourager d’autres juristes à s’impliquer dans l’ABC et à faire entendre leur voix. « J’aimerais que les juristes canadiens renouent leurs relations avec l’ABC; je veux qu’ils la considèrent comme leur point d’attache dans le monde juridique et qu’ils s’y sentent chez eux, tout en sachant qu’ils sont connectés d’un océan à l’autre et qu’ils peuvent en faire beaucoup dans diverses sections. Au xxie siècle, c’est de formation continue qu’ont besoin les avocats. »

Parmi les grands enjeux du secteur figure l’accès à la justice. « Je pense que l’ABC se doit, et a la capacité, de faire beaucoup de progrès dans ce domaine. » Selon elle, il importe aussi que tous les praticiens se préparent à l’évolution technologique qui se poursuit dans le milieu, et les avocats seront de plus en plus appelés à innover et à faire une utilisation plus efficace des technologies.

« Je crois que la profession est en pleine mutation depuis quelques années, et l’ABC doit emboîter le pas ».

Elle souligne aussi que « bien des jeunes juristes ont du mal à trouver des stages, du travail valorisant, des emplois qui les intéressent vraiment en début de carrière ». Les femmes et les membres de minorités visibles et de la communauté LGBTQ, ajoute-t-elle, se heurtent encore à des obstacles à l’avancement et à la reconnaissance au travail. « Je crois qu’il faut s’ouvrir de plus en plus à la diversité; on ne peut pas avoir un secteur qui, en gros, sert le public, mais n’en est aucunement représentatif. » Elle espère pouvoir mettre ses qualités et son parcours à profit « pour faire connaître l’ABC à une nouvelle génération d’avocats qui s’y investira davantage ».

La vice-présidente désignée se dit très inspirée par ses parents, des immigrants des Caraïbes qui n’ont pas eu les mêmes chances qu’elle en grandissant. « Ils accordaient énormément d’importance à l’éducation et ont toujours favorisé mon épanouissement » par l’instruction, dit-elle, évoquant son intérêt pour la politique, l’histoire et la littérature anglaise. « Ils n’ont jamais voulu m’imposer une carrière. Pour eux, l’important était de faire de son mieux et de bien s’en sortir. »

Durant son enfance à Kitchener-Waterloo, en Ontario, ses parents ont décidé de ne pas avoir de téléviseur, lui permettant ainsi de cultiver sa passion pour la lecture. Elle a d’ailleurs une foule de centres d’intérêt autres que le droit : ses cinq neveux et nièces, la couture, le bricolage, la danse salsa, la gymnastique aquatique, la décoration intérieure, les activités culturelles, les cours collégiaux sur la bière et le vin…

« Ils n’ont jamais voulu m’imposer une carrière. Pour eux, l’important était de faire de son mieux et de bien s’en sortir. »

À l’école publique, Vivene Salmon envisageait une carrière d’avocate ou de journaliste. Après ses études en sciences politiques avec mineure en langue anglaise à l’Université Wilfrid Laurier, elle a été reçue dans un programme d’affectations par rotation dans divers ministères de l’Ontario. « À bien des égards, c’est là que j’ai fait mes premières armes. J’en ai appris beaucoup sur les gens. » Elle a fini par travailler en communications dans le secteur public pendant cinq ans, pour enfin présenter une demande d’admission en faculté de droit.

En 2009, elle a obtenu son diplôme de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa et a fait un stage dans un grand cabinet de Toronto avant d’adhérer à l’Association canadienne des courtiers de fonds mutuels. Depuis cinq ans, elle travaille dans les domaines de la conformité et de la protection de la vie privée, et sur des projets spéciaux, à la Bank of America Merrill Lynch. À titre de vice-présidente de la conformité, elle se spécialise dans les services financiers, les valeurs mobilières, le droit des sociétés et le droit de la vie privée.

Le bénévolat occupe une grande place dans sa vie, et ce, depuis un jeune âge. « Je crois que c’est important, quand on a le temps et la passion qu’il faut, d’œuvrer pour sa communauté, qu’il s’agisse du milieu juridique ou de la société en général. Mes parents tenaient à ce que mes frères et moi fassions du bénévolat. Ça a toujours fait partie de ma vie. » Elle en a fait notamment à son hôpital local au secondaire, et siège aujourd’hui au conseil d’administration du Metropolitan Action Committee on Violence Against Women and Children (METRAC) et de Food for the Poor Canada.

C’est cette volonté de se rendre utile à la collectivité qui a incité l’avocate à intégrer la Division des jeunes juristes de l’Association du Barreau de l’Ontario (ABO). Elle a ensuite travaillé dans d’autres sections de l’ABO et participé à son programme de mentorat. Jouant un rôle de plus en plus important au sein de l’ABC, elle a été élue au Conseil d’administration en 2017, et siège à son Comité des finances. En tant que bénévole à l’Association canadienne des conseillers et conseillères juridiques d’entreprises (ACCJE), elle est aussi devenue membre du Comité sur la défense des intérêts et du Comité de formation continue.

« Je crois que c’est important, quand on a le temps et la passion qu’il faut, d’œuvrer pour sa communauté, qu’il s’agisse du milieu juridique ou de la société en général...»

C’est son mentor qui fut sa source d’inspiration. « Nick Slonosky, ancien président de l’ACCJE a toujours défendu la cause des femmes, les incitant à se faire confiance, à ne pas craindre les postes de responsabilité et à réaliser ce dont elles sont capables. » Cet encouragement lui a donné l’assurance nécessaire pour occuper divers postes à l’ABC et lui a fait prendre conscience qu’elle avait « peut-être bien quelque chose d’unique à offrir » et pouvait « avoir une certaine influence, si minime soit-elle. »

Ayant participé, parfois comme présidente, à des tables rondes dans diverses sections de l’ABC et de l’ABO pendant plusieurs années, Vivene Salmon souligne leur importance pour la formation continue. « Je crois que c’est par cette porte que l’ABC peut aller chercher la plupart des avocats », explique-t-elle. L’ABC et l’ABO lui ont d’ailleurs permis d’exercer des rôles de plus en plus importants au fil du temps, ce qui aurait peut-être été impossible ailleurs. Durant ses études, elle ne connaissait aucune des deux associations; selon elle, « c’est loin d’être rare chez les jeunes avocats du pays ». Mais elle veut changer les choses.

Désireuse de raviver l’intérêt pour l’ABC, Vivene Salmon espère que les avocats de la relève et des minorités visibles seront mieux informés des nombreuses possibilités qu’offre l’Association, notamment en matière de postes décisionnels et de mentorat.

« Je ne me suis jamais considérée comme un exemple à suivre », dit-elle. Cela dit, elle souhaite être à la hauteur en tant que vice-présidente : « Avec un peu de chance, mon travail en encouragera d’autres à s’impliquer dans l’ABC. »