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Q&R: L’Université Ryerson prend d’assaut les études en droit

L’Université Ryerson suscite une certaine contestation concernant son projet de nouvelle faculté de droit. Le Barreau de l'Ontario a donné son approbation préliminaire, mais certains se demandent s’il y a de la place pour cette nouvelle faculté… et si ses diplômés trouveront du travail.

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ABC National a demandé au professeur Anver Saloojee, le doyen responsable de ce projet, de nous en dire plus à ce sujet.

ABC National: L’Ontario – le Canada en fait – a-t-il vraiment besoin d’une nouvelle faculté de droit?

Anver Saloojee: Réponse : un oui catégorique; oui surtout pour une faculté privilégiant l’équité, la diversité et l’inclusion, l’innovation technologique et l’accès à la justice. L’Université Ryerson compte produire des diplômés versatiles et concurrentiels dont les compétences novatrices rapprocheront la justice du peuple ontarien. La technologie crée de nouvelles possibilités : le secteur du droit va bientôt connaître une transformation suscitée par des applications technologiques impensables hier. D’ailleurs, le Grand Toronto s’impose rapidement comme un carrefour mondial d’innovation dans le domaine du droit.

N: De nombreuses facultés de droit adoptent une formule d’enseignement novatrice axée sur l’apprentissage par l’expérience (Lakehead), les compétences entrepreneuriales (Calgary) et les nouvelles technologies (Ottawa et Montréal). Qu’avez-vous d’unique à offrir?

AS: Nous applaudissons les autres facultés qui innovent, et nous allons certainement mettre leur travail à profit. Toutefois, notre formule est unique à plusieurs égards. Certes, leurs programmes comportent des éléments d’apprentissage par l’expérience, d’entrepreneuriat et de nouvelles technologies, mais aucun de ces programmes n’est aussi rigoureux que celui que nous prévoyons offrir, et nos méthodes d’enseignement iront plus loin! Tous nos diplômés auront fait deux années de formation centrée sur toutes les innovations dont nous venons de parler.

N: Chercherez-vous à attirer un autre genre d’étudiants?

AS: Nous projetons un processus d’admission ouvert aux filières non traditionnelles. Notre programme sera accessible aux étudiants qui, pour toutes sortes de raisons, ont des compétences technologiques, ont déjà mené des activités entrepreneuriales, sont habiles à résoudre les problèmes, s’impliquent dans la communauté, innovent sur le plan social
ou savent surmonter l’adversité.

N: Pourquoi produire plus de diplômés en droit quand les emplois sont déjà difficiles à trouver?

AS: Nous avons consulté l’ensemble des intervenants du droit, et le même problème revenait constamment : comment former les futurs juristes différemment, de sorte qu’ils soient prêts aux réalités de la pratique actuelle du droit? Le marché des avocats traditionnels est actuellement très concurrentiel, mais les études indiquent que les conditions du marché pour les diplômés ontariens peuvent évoluer. De toute façon, le marché des avocats traditionnels n’est pas totalement représentatif des perspectives d’emploi des futurs diplômés. Dans divers secteurs, les juristes dotés d’une formation atypique sont recherchés. Leurs compétences particulières leur ouvriront de nombreuses avenues professionnelles, comme le travail de technicien en connaissances juridiques, d’expert-conseil en connaissances juridiques, de technologue juridique ou d’analyste des processus juridiques.

N: En quoi votre future faculté servira-t-elle les objectifs d’accès à la justice, de diversité et d’inclusion?

AS: Notre programme offrira aux étudiants la chance de s’attaquer activement aux problèmes d’accès à la justice. Le cursus obligatoire comprendra l’innovation des technologies et des processus, le codage et ses emplois juridiques, les aptitudes personnelles requises pour le travail en contexte de diversité, la personnalisation de la chaîne d’approvisionnement juridique par des méthodes innovantes, la gestion de projets juridiques, l’analyse juridique et l’ingénierie des processus judiciaires, ainsi que l’évaluation des moyens réalisables de mettre la justice à la portée de tous.

Notre engagement pour la diversité et l’inclusion se reflétera dans notre processus d’admission. Notre programme sera attrayant, surtout pour les candidats du Grand Toronto, qui préfèrent vivre chez leurs parents pour réduire leurs dépenses. En outre, nous prévoyons recruter activement des candidats des groupes sous-représentés; nos recruteurs rendront visite aux groupes communautaires, aux écoles secondaires et à d’autres établissements. Nous demandons aussi aux associations de justice ethnoraciale de nous aider à promouvoir la faculté de droit de Ryerson dans leur communauté.

Enfin, nous comptons encourager la candidature de personnes d’origines diverses, ayant une expérience de vie ou de travail pertinente, des liens avec leur collectivité et une passion pour la justice, et qui sont bien entendu ouvertes à l’innovation technologique.

Cette entrevue a été révisée et condensée pour la publication.