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Quelle est la différence entre un avocat et…

Les gens ont tendance à considérer que les avocats sont malhonnêtes… pourtant, ils manifestent généralement une grande confiance à leur propre avocat.

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Gavin : Normalement, j’apprécie peu les blagues d’avocats pour la bonne raison qu’elles sont injustes et insultantes. Quoique parfois, elles ne soient pas sans fondement.

Brooke : Par exemple?

Gavin : Je pense à celle de l’avocat qui fait un accident avec un médecin. Voyant que ce dernier est sonné, l’avocat lui tend sa flasque de cognac. Le médecin prend une bonne gorgée – il en perd même un peu sur sa chemise – puis remet la flasque à l’avocat, qui la range. « Vous n’en prenez pas? », demande le médecin. « Je vais attendre que la police soit repartie », répond l’avocat.

Brooke : Et qu’est-ce que cette blague dit sur les avocats?

Gavin : Qu’ils sont formés pour être stratégiques, pour gagner à tout prix et pour déformer ou cacher la vérité. La blague ne marcherait pas si on inversait les rôles. Le problème ici, c’est que l’avocat est intéressé. C’est une chose d’employer une tactique douteuse dans l’intérêt du client; c’en est une autre de le faire dans son propre intérêt. Au moins, lorsque les avocats d’O.J. Simpson ont redécoré sa maison avant la visite du jury – pour mettre en évidence des photos d’O.J. avec sa famille et ses amis afro-américains –, ils le faisaient pour leur client. Mais même eux sont considérés comme malhonnêtes par bien des gens.

Brooke : Sans vouloir les excuser, les avocats d’O.J. étaient probablement vus comme malhonnêtes par ceux qui prenaient contre lui; ses partisans ont probablement considéré que c’était simplement une stratégie ingénieuse. Les gens ont tendance à considérer que les avocats sont malhonnêtes… pourtant, ils manifestent généralement une grande confiance à leur propre avocat.

Gavin : C’est à cause des deux valeurs fondamentales de la profession d’avocat : la loyauté et le secret professionnel. Au profit du client, pas du public. Et au-delà du bien commun. N’oublions pas que les gens qui ont besoin de conseils juridiques ne sont pas toujours blancs comme neige.

Brooke : Le public considère que les avocats sont complices de la malhonnêteté de leurs clients. Les clients, eux, voient les avocats comme des conseillers de confiance qui protégeront leurs droits et leurs secrets.

Gavin : Exactement. Un avocat chevronné m’expliquait, il y a plusieurs années, que les avocats croient à l’honnêteté de l’avocat de la partie adverse jusqu’à preuve du contraire, alors que leur client s’en méfie tant que l’autre avocat n’a pas fait la preuve de son honnêteté.

Brooke : C’est peut-être parce que chacun a sa perspective sur le rôle de l’avocat. L’avocat de la partie adverse a une obligation fondamentale de loyauté et de confidentialité envers son client, et ce devoir colore toutes les interactions entre avocats. Le client ou le public ne voient pas nécessairement l’avocat de la partie adverse de cet œil; ils peuvent le voir comme têtu, fourbe ou déraisonnable, sans se dire qu’il fait seulement son travail.

Gavin : Dans Succession MacDonald c. Martin, le juge Cory compare les avocats à des soldats « qui servent la cause de la justice ». Si les avocats sont probablement nombreux à partager cette opinion, le public considère probablement ces soldats plutôt comme des mercenaires que comme des patriotes. La question devient donc de savoir si on doit réduire les obligations de l’avocat envers son client pour rehausser la confiance du public envers la profession.

Brooke : Cela reviendrait à troquer la confiance des clients pour la confiance du public. Les inconvénients dépasseraient de loin les avantages. En fait, les avocats ne sont pas les seuls à exciter la suspicion du public. George Bernard Shaw a déjà écrit : « Toute profession est une conspiration contre le commun des mortels. » On le voit aujourd’hui dans les querelles entre l’État et les médecins sur la question des honoraires et dans les dénonciations publiques de la « comptabilité créative » et des conseils prodigués par des conseillers financiers qui ne sont pas fiduciaires. On dirait que toutes les professions sont entachées d’élitisme et déchues aux yeux du public.

Gavin : Donc, les avocats doivent s’employer d’abord et avant tout à remplir leurs obligations professionnelles envers leurs clients pour se montrer dignes de leur confiance. Au risque de faire les frais d’une blague une fois de temps en temps.