Manifestez contre le gouvernement, pas les particuliers, signale le ministre de l’Immigration
« Si les gens confondent le droit légitime de critiquer le gouvernement Netanyahu avec le fait de s’en prendre aux Juifs de ce pays, je ne veux pas de votre vote. »
Alors que des manifestants propalestiniens l’accusaient d’avoir du sang sur les mains, le ministre de l’Immigration, Marc Miller a indiqué aux participants et participantes à la Conférence de l’ABC sur le droit de l’immigration tenue à Montréal en mai que ces manifestants avaient parfaitement le droit d’être là.
« Les personnes à l’extérieur ont le droit de manifester », souligne-t-il, en ajoutant que maintes parmi elles viennent de pays qui leur refuse ce droit.
« Ce n’est pas le Canada que l’on connaît. Manifester contre mes actions et celles du gouvernement est la bonne chose à faire. »
Il a observé que réprimer le droit de manifester aboutira à une frustration et une colère qui seront exprimées d’autres manières.
Cela dit, il y a une mauvaise façon de procéder, que ce soit en encourageant le terrorisme ou en ciblant les institutions juives et les Juifs.
En qualifiant la situation à Gaza de « désastreuse » et de « catastrophe pour l’humanité », le ministre a rappelé que les émotions sont frétillantes des deux côtés du conflit. Cependant, les gens se sentent visés et menacés.
« Le droit de manifester implique une responsabilité, et je pense qu’il doit être exercé de manière responsable. Ne le faites pas en ciblant des particuliers et en les faisant craindre pour leur sécurité », a-t-il communiqué à ceux rassemblés.
« Si les gens confondent le droit légitime de critiquer le gouvernement Netanyahu avec le fait de s’en prendre aux Juifs dans ce pays, je ne veux pas de votre vote. »
En janvier, trois mois après le début du conflit, le gouvernement fédéral a lancé un programme de réunification familiale offrant un asile temporaire aux parents, frères, sœurs, grands-parents et petits-enfants se trouvant à Gaza des citoyens canadiens et des résidents permanents.
Le ministre Miller a fait observer que c’était une « tentative rapidement mise en place et probablement unique au monde » pour faire sortir les familles des personnes touchées.
Cela s’est accompagné de beaucoup d’incertitude, associée au défi supplémentaire d’une guerre en cours et sans qu’il y ait d’engagement préalable de la part d’Israël ou de l’Égypte, qui contrôle la sortie, principalement par Rafah, que cela réussirait.
« Je voulais m’assurer que lorsque nous annoncions ce programme, nous ne délivrions pas simplement des visas, ne donnions pas de faux espoirs et ne laissions pas les gens dans l’impasse. Mais nous avions absolument le devoir envers les Canadiens d’origine palestinienne d’essayer de faire sortir les réunir avec les membres de leurs familles face à cette situation critique », a exprimé le ministre.
« Au sein du gouvernement, il y a des choses que vous gérez et des choses que vous contrôlez. C’était quelque chose que nous avons géré, et nous avons pris un risque. »
En date du mois de mars, seulement 14 personnes avaient réussi à franchir le processus de demande et à être approuvées, ce qui a poussé M. Miller à qualifier le programme « d’échec ».
Alors que le gouvernement a réussi à faire sortir les Canadiens et les résidents permanents de Gaza, faire de même pour leurs familles s’est avéré plus difficile.
Deux mois plus tard, malgré quelques progrès lents, le ministre a admis que le succès reste « très limité ». Plus de 200 visas ont été délivrés, mais la frustration et les défis persistent.
Malgré les récents développements à Rafah, le ministre Miller garde un certain espoir que le Canada pourra faire sortir plus de personnes sur une base humanitaire. Il a accepté d’élargir le programme et s’engage à augmenter le nombre de personnes, s’appuyant sur des efforts diplomatiques.
Cependant, lorsque même les États-Unis ne peuvent pas influencer la situation, a-t-il déclaré, c’est un signe de la capacité du Canada, avec encore moins de pouvoir, à l’influencer.
Le ministre Miller ne baisse pas les bras.
« Je ne serai pas satisfait tant que ces personnes ne seront pas sorties et en sécurité. Il s’agit de sauver des vies et nous nous devons de redoubler nos efforts. Nous aurions pu rester les bras croisés et ne rien faire. Mais nous avons choisi de prendre un risque. »
Demandé si d’autres pays connaissent davantage de succès dans ce domaine, le ministre Miller a révélé que tout le monde est confronté aux mêmes défis. Néanmoins, maintes ont tenté de reproduire le programme mis en place par le Canada, y compris les États-Unis, qui nous ont demandé « comment nous avons réussi à le mettre en place si rapidement ».
La conversation s’est également tournée vers les tensions actuelles au Canada concernant l’accessibilité au logement et l’immigration face au vieillissement de la population et à la pénurie de main-d’œuvre.
Le ministre Miller a répondu qu’en ce qui concerne l’immigration, la réalité est que le Canada vu sa population active vieillissante.
« Nous nous trouvons devant deux choix : augmenter les taux de natalité dans le pays ou accueillir de nouveaux migrants. Honnêtement, même avec un baby-boom maintenant, nous aurions encore besoin de combler 20 ans d’immigration. »
Le ministre s’est rappelé le temps de sa jeunesse où il y avait sept travailleurs, travailleuses pour chaque personne retraitée. Aujourd’hui, au Canada, ce nombre est plus proche de trois pour un.
« Alors, dit le ministre Miller, pour que nous puissions préserver tous les programmes qui ont défini le tissu social de ce pays, nous n’avons d’autre choix que d’ouvrir les bras à des personnes travailleuses qualifiées pour nous aider à accomplir cela. »
« L’immigration n’est pas la seule solution, mais elle contribue à résoudre le plus grand problème. »
Cependant, cela pose un dilemme.
Les frais de logement partout au pays ont augmenté ces récentes années, et bien que le ministre Miller trouve que les immigrants ne sont pas responsables de l’augmentation des taux d’intérêt, le volume de résidents temporaires reste frappant.
Historiquement, les résidents temporaires constituaient environ deux pour cent de la population du Canada. En 2023, leur part est montée à 6,2 pour cent.
Le gouvernement a annoncé des plans visant à freiner la croissance démographique du pays en la limitant à cinq pour cent au cours des trois prochaines années.
En novembre, après plusieurs hausses récentes, le gouvernement a également dit qu’il maintiendrait le nombre de nouveaux résidents permanents à 500 000 en 2026. En janvier, il a annoncé des plans pour réduire le nombre d’étudiants et d’étudiantes internationaux en imposant un plafond de deux ans sur les nouvelles admissions.
Après avoir rencontré ses homologues provinciaux la semaine dernière et après avoir abouti à un communiqué unanime « extrêmement rare », le ministre Miller a suggéré qu’une façon de réduire le nombre de résidents temporaires serait de les rendre permanents.
« (Ce consensus) reflète le fait que nous devons faire les choses correctement », a-t-il observé.
« Nous pouvons le faire en tant que pays, mais ce n’est pas en reproduisant la rhétorique que nous voyons au Sud ou dans différents pays à travers le monde. »