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Répondre à l’appel: Conseils aux femmes qui songent à la politique

On dit souvent que les femmes hésitent à se présenter jusqu’à ce qu’on les sollicite. Ce n’est pas le cas de Claudia Chender.

Image artistique et colorée du visage d’une femme

« La politique a besoin de plus de femmes » est un véritable leitmotiv depuis l’élection présidentielle américaine de 2016. Les données suggèrent que cela tient à cœur aux femmes, non seulement aux États-Unis, où un nombre record se présentent aux prochaines élections, mais au Canada où des organisations comme Equal Voice proposent des ateliers et dirigent des campagnes pour encourager plus de femmes à se présenter.

Claudia Chender est l’une des femmes qui ont répondu à l’appel. Avocate et diplômée de la Faculté de droit de l’Université de Victoria, elle a été élue députée NDP de la Nouvelle-Écosse pour la circonscription de Dartmouth South (où je réside) au printemps dernier.

Nous avons discuté de sa première année en politique et lui avons demandé de conseiller les femmes qui envisagent de sauter le pas (honnêtement : j’ai aidé Claudia Chender à faire campagne plusieurs fois.)

 

1. N’attendez pas qu’on vous sollicite

On dit souvent que les femmes hésitent à se présenter jusqu’à ce qu’on les sollicite.
Ce n’est pas le cas de Claudia Chender. « Le dire n’est pas très bien vu », dit-elle, « mais c’est quelque chose que j’avais toujours envisagé comme une possibilité […] c’était juste une question d’opportunité ».

Il y a eu plusieurs déclencheurs, Andrew Petter (ancien procureur général de la C.-B.) professeur de droit constitutionnel de Me Chender, encourageait ses étudiantes à se présenter à des élections publiques. Elle a développé « un souhait de faire une différence de cette façon ».

En politique, la chance peut jouer un rôle. Le député de Dartmouth South a démissionné le lendemain des élections américaines de 2016, lui ouvrant une porte.

« C’est la passion qui motive le changement. »

Elle connaissait aussi Susan Leblanc, récemment élue au NDP dans une circonscription voisine. Elles se sont rencontrées. Mme Leblanc a indiqué que le parti « recherchait activement un candidat pour Dartmouth South ». Me Chender a dit qu’elle allait y penser.

« Nous pensons souvent que nous devons avoir des qualifications, un emploi, un rôle ou une quantité de connaissances spécifiques. Je ne pense pas que ce soit vrai », dit-elle. « C’est la passion qui motive le changement.»

 

2. Personnel égal politique

Le mantra féministe selon lequel « personnel égal politique » est vrai ici. Cinq des sept membres du caucus NDP de la Nouvelle-Écosse sont des femmes, dont plusieurs ont de jeunes enfants. Cela a aidé Me Chender à « apprivoiser la logistique » de la vie politique, sachant que dans le caucus « il existe une expérience et une compréhension communes».

En tant que porte-parole pour l’éducation, Me Chender utilise son expérience personnelle de bénévole et mère d’enfants élèves de l’enseignement public. Elle a participé activement au débat sur l’actualisation de la législation de la Nouvelle-Écosse sur l’éducation en prônant un système « humain, compatissant et adaptable à tous ». Cependant, dit-elle, les valeurs d’humilité, de coopération et de représentation des électeurs importent plus que l’atteinte d’un résultat particulier.

 

3. « On l’a toujours fait comme ça » ne compte pas comme réponse

En Nouvelle-Écosse, dotée du plus ancien gouvernement responsable de l’Amérique du Nord, la politique repose très largement sur la tradition. « Le bâtiment qui nous héberge au quotidien a 200 ans et n’a pas vu de grand changement au fil des siècles », souligne-t-elle. Toutefois, un plus grand nombre de députées signifie la remise en question de certaines traditions.

S’agissant des règles applicables aux sessions de la Chambre, le gouvernement prolonge fréquemment les séances sans préavis ou presque. Cela peut exiger de se présenter très tôt le matin, de rester tard le soir ou d’y passer toute la nuit. Me Chender mentionne d’autres législatures, qui imposent une échéance après laquelle le gouvernement ne peut exiger de prolongement des séances, comme possibles modèles pour minimiser les perturbations de l’emploi du temps des législateurs.

Le mouvement #MoiAussi a appuyé les exigences d’évolution structurelle. Il s’est répandu dans le milieu de la politique de la Nouvelle-Écosse au début de cette année avec la démission du chef progressiste-conservateur Jamie Baillie au terme d’une enquête indépendante ayant révélé qu’il était l’auteur de harcèlement sexuel. Me Chender remet en question l’idée fausse selon laquelle #MoiAussi ne vise qu’à éliminer « quelques mauvaises herbes ». « Nous devons fondamentalement reformuler le contrat social entre hommes et femmes.»

 

4. Plus de politiciennes c’est bien. Plus de politiciennes progressistes, c’est encore mieux.

Si nous voulons accroître le nombre des politiciennes, leurs politiques réelles importent-elles? Les non-partisans et politiciens divers ne seront pas d’accord. Cependant, pour Claudia Chender, la réponse est oui, les politiciennes progressistes peuvent avoir un impact plus positif, que ce soit pour prôner l’augmentation des ressources pour les hôpitaux locaux ou pour proposer une loi sur le congé parental des conseillers municipaux.

Elle souligne cependant que la législature de la Nouvelle-Écosse accueille un nombre record de députées de tous les partis : «cela change les rapports de force. Vraiment. Les choses se passent mieux lorsqu’il y a plus de femmes.»