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Aider les avocats à trouver leur voie

Stephen Rotstein, le nouveau vice-président de l’ABC, nous parle de l’Association et de son rôle d’aider les juristes à s’adapter à une nouvelle façon de pratiquer le droit.

Stephen Rotstein, Vice-président de l’ABC
Mark Blinch

L’éducation du jeune Stephen Rotstein n’a été marquée par aucun moment d’intense révélation : jamais il ne s’est arrêté pour étudier ses options et délibérément choisir de devenir avocat.

Juste à voir d’où il vient, il aurait été surprenant de le voir embrasser une autre carrière.

« Certains ont de ces histoires d’inspiration légendaire… ils peuvent vous dire exactement quand ils ont décidé de faire leur droit. Pour ma part, je viens d’une famille d’avocats; je représente la troisième génération », explique Me Rotstein, directeur, Affaires internationales et nationales à la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario. Il est devenu ce mois-ci vice-président de l’Association du Barreau canadien, et c’est lui qui prendra la présidence de l’ABC dans un an.

Sa famille est au Canada depuis plus de 120 ans; son ascendance paternelle est austro-hongroise et polonaise, et son ascendance maternelle, russe. Son arrière-grand-père était bien décidé à tirer le meilleur parti de sa situation. « Il a commencé comme marchand ambulant, puis a fait l’acquisition d’un magasin général dans Muskoka; il vendait tout ce qui lui tombait sous la main.

« Son fils, c’est-à-dire mon grand-père, a été le premier avocat de la famille; admis au Barreau en 1922. Mon père a suivi ses traces. Ma mère est aussi avocate, doublée d’une poète et auteure. Quant à ma sœur, elle est actuellement juriste d’entreprise. »

Grandir dans cette famille lui a donné l’optimisme et la foi dans ce pays et ses possibilités. De plus, voir son père entrer dans le secteur bancaire plus tard lui a montré que les études en droit peuvent ouvrir bien des portes.

« Cela vous donne la liberté d’entreprendre une foule de choses », résume Me Rotstein. Dans son cas, le droit l’a mené à la fonction publique : après avoir décroché son baccalauréat à Osgoode Hall en 1996, il a fait ses débuts au service de plusieurs ministres ontariens, dont le regretté Jim Flaherty à l’époque où celui-ci était procureur général avant de devenir ministre des Finances. Me Rotstein a aussi évolué dans le secteur privé et les organisations à but non lucratif; il a été avocat général de FP Canada et de la Human Resources Professional Association.

« Tout au long de ma carrière, j’ai eu des postes intéressants qui m’ont donné la chance de travailler avec de bonnes personnes. »

L’idée de rompre avec le parcours classique pour employer sa formation en droit à d’autres objectifs, dans les secteurs privé, public ou sans but lucratif, en séduit beaucoup, notamment chez les jeunes diplômés, explique Me Rotstein… et l’ABC se doit de les aider de son mieux à réaliser leurs ambitions.

« Par le passé, la carrière juridique était très linéaire : faculté, stage, poste d’avocat adjoint, puis promotion après promotion jusqu’au rang d’associé, raconte-t-il. Or, beaucoup de jeunes juristes veulent sortir des sentiers battus, pour aller vers la fonction publique ou le monde des affaires. Il faudrait que l’ABC soit un lieu accueillant pour eux aussi. Nous devons être là pour les aider à trouver la carrière la plus gratifiante pour eux. »

Stephen Rotstein veut les épauler : « Notre association doit prêter l’oreille à la jeune génération. Leur carrière n’aura pas grand-chose à voir avec celle des aînés de la profession. L’ABC doit rester actuelle. »

Les choses ont bien changé depuis six mois; bien sûr, la COVID-19 est un vecteur d’incertitude dans la profession. Au printemps dernier quand est arrivé le confinement, certains cabinets ont fait des mises à pied à court terme ou diminué la rémunération pour compenser la baisse du chiffre d’affaires. D’autres ont reporté leurs programmes d’été et leurs stages. Bien des nouveaux diplômés souhaitant démarrer leur carrière ont navigué par vent contraire à l’heure de la pandémie.

Cette pandémie a rapidement changé le cadre de travail des juristes. Pour Me Rotstein, l’ABC a un rôle très important à jouer pour ce qui est d’aider la profession à opérer la transition. « Notre association se modernise depuis des années, par exemple pour offrir davantage de ressources en ligne. Or, la demande pour ces services a considérablement augmenté ces six derniers mois. »

Ici encore, le droit offre plus d’un débouché. La pandémie a poussé les cabinets de toutes tailles à élargir leur offre de services en ligne.

« La profession avec laquelle les jeunes juristes font connaissance est déjà très différente de celle d’il y a quelques années seulement, précise Me Rotstein. J’ai parlé avec des sociétés, petites et grandes, et avec des juristes exerçant seuls; ils m’ont dit avoir déplacé leur pratique en ligne pour suivre leur clientèle. Certains envisagent d’embrasser ce changement pour de bon; ils auront désormais des cabinets virtuels. »

Ces changements, prédit-il, créeront « de nouvelles possibilités » pour les cabinets, qui pourront travailler entièrement en ligne et prendre de l’expansion en évitant les flambées de coûts fixes indirects.

« Comme on pourra se passer des bureaux physiques, bien des obstacles tomberont pour l’établissement d’une pratique à son compte, et d’autres cabinets pourront étendre leurs activités sans restriction d’espace à bureaux ni restriction géographique du personnel.

« L’ABC doit suivre cette évolution des pratiques du droit afin de bien répondre aux besoins de ses membres pour assurer leur réussite. »

Me Rotstein estime que l’ABC est notamment là pour aider à traduire l’optimisme et les idéaux de ses membres en résultats concrets. Il se dit fier du travail de l’ABC pour ce qui est d’aider les juristes à saisir les occasions de travailler bénévolement à l’étranger, et souhaite que l’association en fasse plus pour le soutien de ses bénévoles ici au Canada.

« Ils sont notre meilleure ressource, souligne-t-il. Ils donnent de leur temps à nos divisions et sections; nous ne pourrions pas fonctionner sans eux. Nous nous devons de leur procurer le soutien et les ressources dont ils ont besoin.

« Nos programmes internationaux sont une avenue de contribution, mais il y en a bien d’autres. Nos membres donnent de leur temps et apportent leur expertise à notre CA ainsi qu’aux comités, aux sections, aux conférences et aux programmes de formation continue. Nous cherchons toujours de nouveaux moyens de garder le contact pour nos bénévoles, notamment les partenariats avec d’autres organisations. C’est une avenue que je compte développer lorsque je serai président.

« Les jeunes juristes veulent un travail qui signifie vraiment quelque chose, qui sert des valeurs sociales en lesquelles ils croient, et je pense que l’ABC peut les aider dans cette voie. »