Déterminé à résoudre la crise climatique
Le nouveau député libéral Eric St-Pierre espère pouvoir faire profiter les comités de la Chambre des communes de son expérience en droit environnemental et en droit autochtone.

Eric St-Pierre se souvient de ses jeunes années à Sudbury en Ontario quand il marchait pour aller à l’école; la pollution était déjà une réalité bien présente.
« On goûtait le soufre. »
M. St-Pierre est devenu juriste spécialisé en droit environnemental et en droit autochtone, pour ensuite se joindre à la Fondation familiale Trottier, à Québec, un organisme non partisan où il était notamment à la tête des dossiers climatiques.
« J’ai toujours été très sensible à la cause environnementale, parce que ça se passait littéralement dans ma cour. Je voyais les fonderies, je sentais l’odeur. »
M. St-Pierre explique que la ville, connue pour ses gisements de nickel et de cuivre, subissait toujours les conséquences des activités d’exploitation à ciel ouvert des décennies précédentes.
« J’en ai vu les contrecoups dans les années 1980 et 1990. On pouvait voir l’impact de l’exploitation des ressources naturelles… sur la nature. »
Aujourd’hui, Sudbury est une véritable histoire à succès : la ville s’est reverdie grâce au travail colossal de plantation d’arbres et de nettoyage mené par un écologiste de la restauration de l’Université Laurentienne avec des citoyens, l’industrie et le gouvernement.
L’intérêt de M. St-Pierre pour les questions sociales et politiques est né lorsqu’il était adolescent.
« Je pense que ça vient un peu de mon éducation, et que c’était simplement en moi. »
Élu en avril dernier député libéral de la circonscription Honoré-Mercier dans la région de Montréal, il confie n’avoir jamais cru devenir politicien.
Mais les autres le voyaient bien dans cet habit.
« Toute ma vie, les gens autour de moi m’ont sans cesse répété que j’irais en politique. Un de mes oncles me disait que j’allais devenir premier ministre un jour. »
Au sortir du secondaire, M. St-Pierre est parti en Europe, sac au dos, pour élargir ses horizons. Son périple à travers une douzaine de pays – Belgique, Italie, Allemagne… – lui a fait découvrir différentes cultures et rencontrer des étudiants de partout dans le monde. Quatre mois plus tard, de retour au pays, il était prêt à commencer des études en sciences politiques à l’Université Concordia.
Durant sa première semaine sur le campus en septembre 2002, une visite de Benjamin Netanyahu, alors ancien premier ministre israélien, a provoqué des manifestations pro-Palestine.
« Je marchais pour me rendre à mes cours, et la police antiémeute arrêtait des gens à gauche et à droite. Les fenêtres volaient en éclats », se remémore-t-il.
« C’est sur cette note qu’ont commencé mes études en sciences politiques. »
M. St-Pierre s’est impliqué en politique étudiante et dans des projets internationaux. Il a passé un été en Ouganda comme bénévole auprès des réfugiés et des personnes déplacées dans le pays.
Après avoir obtenu son diplôme, il a séjourné aux Îles Salomon, dans le Pacifique Sud, dans le cadre d’un programme fédéral de stages à l’international pour les jeunes.
Son travail portait sur des enjeux autochtones, la réconciliation et la justice réparatrice.
« Mon intérêt pour le droit était en train d’émerger. »
En 2010, M. St-Pierre a obtenu de l’Université McGill un diplôme double en common law et en droit civil. Il a fait ses débuts dans un grand cabinet où il a touché à des dossiers concernant les Autochtones, par exemple en droit minier, en droit constitutionnel et dans des causes fondées sur la Charte.
« Ce travail était pour moi très gratifiant, affirme-t-il. J’ai toujours voulu représenter des communautés et des gens qui sont sous-représentés. »
M. St-Pierre a exercé le droit autochtone et le droit environnemental dans un cabinet spécialisé avant de prendre le chemin des tribunaux comme avocat plaidant pour défendre des locataires menacés d’éviction.
Son épouse, Sylvie, est une ancienne analyste climatique, et la fille de Lorne et Louise Rousselle Trottier. Son père a cofondé Matrox, une entreprise informatique de solutions vidéo.
Suivant les traces de Bill Gates et d’autres géants philanthropes du numérique, les Trottier ont créé leur fondation en 2000.
M. St-Pierre est devenu directeur général de cette fondation familiale de Montréal en 2016. Avec Sylvie et d’autres membres de la famille, il a aidé la fondation à bâtir un effectif d’une dizaine de personnes, alors qu’elle se réorientait vers l’innovation en santé, en éducation, en sciences et en environnement.
Il s’agit maintenant de l’une des fondations du genre les plus renommées au pays.
« J’ai vite compris que je pourrais probablement faire bouger les choses beaucoup plus en philanthropie que ce que je ne pourrais jamais accomplir en droit », soutient M. St-Pierre, ajoutant que l’automne dernier, il a fait équipe avec d’autres fondations aux mêmes visées afin de « mobiliser 400 millions de dollars pour le climat ».
C’est dans les cercles de la finance climatique que son chemin a croisé celui de Mark Carney; il était intrigué quand celui-ci a remporté la course à la direction du Parti libéral du Canada. Au printemps dernier, lorsque le parti l’a approché pour qu’il se présente comme candidat, il a sauté sur l’occasion.
« J’ai annoncé un mardi à mon équipe que je quittais la fondation, et le vendredi suivant, je partais en campagne, raconte-t-il. Disons que je n’avais pas de plan quinquennal; mon horizon était plutôt de 30 jours. »
M. St-Pierre a inscrit l’immigration et le transport public sur sa liste de priorités pour sa circonscription. Il espère aussi pouvoir faire profiter les comités de la Chambre des communes de son expérience en droit environnemental et en droit autochtone.
« Ma passion pour la chose climatique demeure entière. J’ai deux filles de six et neuf ans. Je crois vraiment qu’il faut faire tout ce que nous pouvons pour leur assurer un avenir sûr. »
Travailler sur la Colline, ce n’est pas une sinécure. Mais s’il sent le besoin de relâcher la pression, il peut toujours enfiler ses souliers de course. Cet ultramarathonien a couru 81 kilomètres en quelque 10 heures en janvier dernier en Utah – alors qu’il se remettait d’une pneumonie.
« J’ai fait à ma tête, et j’ai décidé de le faire quand même », confie-t-il.
Ce texte fait partie d’une série d’articles brossant le portrait de membres de l’ABC qui ont été élus au Parlement à l’élection fédérale de 2025.