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La stratégie de croissance de Gowling WLG

Entretien avec Peter Lukasiewicz, président et chef de la direction de Gowling WLG Canada.

Peter Lukasiewicz, CEO, Gowling WLG Canada

Peter Lukasiewicz, récemment nommé président et chef de la direction de Gowling WLG Canada, s’est entretenu avec Yves Faguy sur la fusion avec le cabinet britannique Wragge Lawrence Graham & Co., sur ses plans pour la croissance de l’entreprise et sur la santé du secteur juridique canadien.

ABC National : La fusion avec Wragge Lawrence Graham & Co. entraîne-t-elle des changements dans la stratégie de croissance internationale de Gowlings?

Peter Lukasiewicz : Depuis la fin des années 1990, notre stratégie est de construire un cabinet à la fois pancanadien et international. Il y a environ 18 mois, dans le cadre de notre planification stratégique, les associés se sont posé la question suivante : « Voulons-nous accroître notre présence internationale? Si oui, comment voulons-nous procéder? » La réponse? Un « oui » catégorique. Toutefois, nous tenions à ce que notre croissance internationale se fasse comme nous l’entendions. Nous ne voulions pas simplement être absorbés par un autre cabinet international qui ferait de nous son avant-poste au Canada. Au contraire, nous voulions un partenaire qui nous ressemble, qui partage notre culture, nos valeurs, notre stratégie et notre approche quant à la pratique du droit. Enfin, nous ne voulions pas nous établir aux États-Unis. 

N : Pourquoi pas?

PL : Bon nombre de nos activités proviennent des États-Unis. En les examinant en détail, nous sommes parvenus à deux conclusions. Premièrement, nous avions du mal à imaginer comment une fusion avec un seul cabinet pourrait remplacer tout le travail que nous recevons de nos cabinets partenaires et de nos clients aux États-Unis. Deuxièmement, à titre de cabinet canadien, nous nous sommes demandé s’il était sage d’entrer sur un marché extrêmement concurrentiel, où rivalisent de nombreux acteurs solidement implantés, plutôt que de poursuivre notre stratégie de collaboration avec nos partenaires américains.

N : Quel est votre bilan de santé du secteur juridique canadien?

PL : Selon nous, le secteur juridique canadien est – sans être monolithique – stagnant, voire en déclin. Pourquoi? En raison de ses nouveaux acteurs, plus précisément des cabinets étrangers établis notamment au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Asie qui accaparent des activités qui, il y a 10 ou 15 ans, auraient été effectuées par des cabinets canadiens, et ce, même s’ils n’ont pas de bureau au Canada. En outre, de plus en plus d’entreprises font faire leurs tâches juridiques en interne. Je crois que tous les cabinets doivent repenser leur stratégie. Celle que nous avons choisie est de maintenir une forte présence au Canada tout en accroissant notre présence à l’étranger pour, d’une certaine manière, affronter nos concurrents sur leur terrain. Voilà pourquoi nous avons opté pour la croissance internationale au moyen d’une fusion avec Wragge Lawrence Graham.

N : La libéralisation du secteur juridique au Royaume-Uni, qui a été marquée par l’émergence de nouveaux modes de structuration des entreprises au sein de la profession, a-t-elle été un facteur dans votre décision de chercher un partenaire dans ce pays?

PL : Non, elle n’a pas été un facteur important. En effet, très peu de cabinets ont adopté une structure non traditionnelle ou se sont introduits en bourse, et cette tendance s’observe surtout du côté des cabinets spécialisés, surtout en dommages corporels. À vrai dire, cette libéralisation n’a pas eu l’effet escompté, à savoir de faciliter l’accès à la justice. C’est du moins mon avis : elle a peut-être aidé certains cabinets spécialisés à fournir leurs services plus efficacement, mais rien n’indique qu’elle a amélioré l’accès à la justice. Rien ne porte à croire que les grands cabinets ont l’intention de devenir des sociétés ouvertes. Que les propriétaires d’un cabinet ne soient pas des avocats soulève de sérieuses questions sur la confidentialité des renseignements, ainsi que sur les risques de conflits.

N : Selon vous, où se fera la prochaine expansion de Gowling WLG?

PL : L’Allemagne et l’Europe continentale présentent des possibilités très intéressantes, tout comme l’Asie-Pacifique. Actuellement, Wragge Lawrence Graham a un petit bureau spécialisé en propriété intellectuelle à Guangzhou et un modeste bureau à Singapour, tandis que nous avons un bureau de représentation à Beijing. Nous pourrions très bien choisir d'accroître notre présence en Asie-Pacifique.

Cette entrevue a été révisée et condensée pour la publication.