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Dîner avec Jason Morris et Crystal Schening

Les clients de Vicky’s Bistro and Wine Bar sont typiques de Sherwood Park, banlieue cossue de l’est d’Edmonton : professionnels en completveston rencontrant des collègues ou des clients; groupes de jeunes femmes en pantalons de yoga griffés; quelques retraités et travailleurs d’un chantier de construction des environs…

Jason Morris & Crystal Schening
Jason Morris & Crystal Schening

LES CONVIVES

Le mentor : Jason Morris, avocat principal, Round Table Law, Sherwood Park Alberta

Bio : Expert des TI reconverti au droit en 2010, Me Morris a démarré un cabinet à la fine pointe de la technologie – de chez lui

La mentorée : Crystal Schening, avocate et notaire, Kinetic Legal Services, ­Penhold Alberta

Bio : Après avoir travaillé pour un petit cabinet et pour Legal Aid, Me Schening a lancé son propre cabinet à domicile l’été dernier

 

Dans un coin tranquille, près de la fenêtre, deux clients défient toutefois les conventions. Jason Morris et Crystal Schening sont à la fois professionnels et parents au foyer – pour eux, la tenue de ville est optionnelle, et les cours de yoga en plein jour, improbables. En exerçant à domicile, ils ont choisi de concilier carrière et vie de famille. Me Morris a trois enfants et travaille à son compte depuis quatre ans, soit peu après avoir terminé son doctorat en jurisprudence à l’Université de l’Alberta en 2010. « Je peux ainsi endosser tour à tour mes rôles de père et d’avocat », évoque l’homme, attablé devant un bol de soupe fumante. Lorsqu’il était stagiaire en droit, il s’est vite aperçu qu’il préférait « être papa plutôt que de devenir associé ».

Me Schening, une ancienne camarade de classe, vient tout juste de se lancer à son compte. Fraîchement émoulue, elle a d’abord travaillé comme avocate adjointe dans un cabinet de petite ville, puis comme responsable des services judiciaires à Legal Aid. Ayant eu son premier enfant l’automne dernier, et l’été dernier elle s’est lancée en affaires de chez elle.

Elle vient chercher conseil auprès de Me Morris « Faire mon droit ne m’a pas appris à diriger une entreprise », explique celle qui, ces derniers mois, a dû affronter une foule de nouveaux défis : rédiger un plan d’affaires; monter un site Web; obtenir une licence professionnelle et des assurances; aménager un bureau; et plus encore. « C’est intensif comme apprentissage », affirme-t-elle.

Me Morris le sait très bien. Trouver la manière la plus efficace de gérer son cabinet – et d’y intégrer la technologie – lui a pris des années. « On est terriblement démuni à notre sortie de la faculté », reconnaît-il.

Pourtant, énormément de diplômés finissent par démarrer ou joindre un petit cabinet. Pas étonnant que le taux d’attrition chez les avocats albertains soit si élevé : en l’espace de cinq ans après leur admission au barreau, environ la moitié délaissera la pratique privée, et un tiers abandonnera carrément la profession. « Trop d’entre nous n’arrivent pas à se maintenir à flot », explique-t-il.

Heureusement, la technologie nous permet à présent d’exercer de la maison. Ancien professionnel des TI, Me Morris a d’abord créé son propre site Web, où les clients pouvaient accéder à leur compte. Il emploie maintenant des outils trouvés sur le marché pour automatiser les processus administratifs.

« Acheter quelque chose qui fonctionne bien est plus efficace que de le mettre au point soi-même », conclut-il. Il va jusqu’à utiliser une suite de logiciels permettant aux clients de signer électroniquement leurs mandats de représentation.

Mais les activités d’un cabinet ne peuvent être entièrement automatisées, précise-t-il. « Les gens veulent encore rencontrer leur avocat », affirme-t-il, en ajoutant que la « consultation à domicile » est un avantage de faire appel à un avocat qui travaille de chez lui.

Un assistant à distance s’occupe de ses télécopies et appels entrants (par l’entremise d’un système téléphonique virtuel) lorsqu’il est indisponible. Il compte bientôt embaucher un aidecomptable, et conseille à Me Schening d’en faire de même.

Me Morris, qui cumule quelques années d’expérience, avoue que ce n’est pas encore une sinécure : « J’adore ce que je fais, mais c’est stressant. » Apprendre les rudiments administratifs; bâtir un moteur de recommandation autonome; faire sa comptabilité; ça ne se fait pas en un jour. Mais l’une des grandes leçons qu’il en retire est d’une simplicité trompeuse : « Il faut demander de l’aide dès le départ, affirmet-il. N’attendez jamais. »