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Comment réparer ses erreurs

Restez calme, ne dissimulez pas et tirez profit de la situation.

Woman at her desk realizing she made a mistake

L’erreur est humaine, dit le proverbe. Malheureusement, les types d’erreurs que commettent les nouveaux juristes, souvent parce qu’ils ne savent pas encore faire mieux, peuvent avoir de graves conséquences sur leur entreprise, sur leur clientèle et sur eux-mêmes.

Faire une petite erreur dans un document judiciaire, manquer une date limite de dépôt et même commettre une violation éthique en dépit des meilleures intentions du monde, comme en confiant à quelqu’un quelque chose qui aurait dû rester secret, sont de faux pas qui ont le potentiel de changer une vie.

Lorsque les jeunes juristes se rendent compte qu’ils ont commis une bévue, plusieurs d’entre eux sont pris de panique, ce qui est facile à comprendre. « Puisqu’ils n’ont pas beaucoup d’expérience, une seule erreur peut leur laisser l’impression que leur carrière est finie », déclare Catherine Gage O’Grady, professeur à la faculté de droit James E. Rogers de l’Université de l’Arizona et auteure d’un article universitaire instructif s’intitulant A Behavioral Approach to Lawyer Mistake and Apology. « Les jeunes juristes peuvent être pris de panique justement parce qu’ils manquent d’expérience, parce qu’ils n’ont pas encore commis d’erreurs avec lesquelles ils ont dû composer au cours de leur carrière, contrairement aux juristes chevronnés. »

La vérité est que tous les juristes bâclent un travail au moins une fois dans leur vie. Voici comment faire face à ces erreurs, y remédier et même en tirer profit.

N’ignorez pas votre erreur

Comme du lait périmé dans un réfrigérateur, les erreurs trouvent toujours une manière de se faire remarquer. Il n’est donc pas sage de faire semblant qu’elles n’ont pas eu lieu. Tôt ou tard, quelqu’un va la remarquer, que ce soit le juge qui rejette votre cause en raison d’une erreur dans un document ou un client qui poursuit votre cabinet en justice parce que vous avez manqué la date limite de dépôt.

Vous avez toujours la possibilité de limiter les dégâts causés par votre erreur ou même de la réparer totalement, pour autant que vous ne l’ignoriez pas en espérant qu’elle disparaisse.

Prenez note de ce qui est arrivé

Avant de faire quoi que ce soit, prenez en note les détails de votre erreur : ce qui est arrivé, la façon dont cela s’est produit, la façon dont vous vous en êtes rendu compte et les possibles répercussions.Notez les faits comme si vous recueilliez une déposition. Soyez clair, entier et objectif.

Le document produit veillera à ce que vos émotions ne brouillent pas votre souvenir de l’erreur commise. Il peut aussi s’avérer utile de l’expliquer à votre superviseur.

Obtenez de l’aide

Restez calme. Pour éviter de céder à la panique, vous devez d’abord reconnaître que c’est le cas. Parlez ensuite à une personne de confiance qui peut vous aider à vous calmer, à contrôler vos émotions et à décider de la prochaine étape en toute rationalité.

« La meilleure façon pour un juriste (ou une personne aux études) de gérer une erreur, dans une perspective de prise en charge personnelle, est de trouver du soutien auprès d’autres personnes », affirme Doron Gold, thérapeute spécialisé dans le traitement de juristes, de juges et d’autres professionnels du droit. « Ce système de soutien peut inclure des collègues, des amis et des membres de la famille. Il doit également comprendre le Programme local d’aide aux juristes. Chaque province a un PAJ, financé par le barreau, mais complètement indépendant de celui-ci. Ce programme offre sans frais un soutien confidentiel, y compris du counselling et du soutien par les pairs.

« Certains cabinets ont parmi leur personnel des juristes se spécialisant en déontologie, dont la fonction est de fournir aux employés de l’entreprise un endroit sûr où discuter de leurs erreurs et d’autres questions », explique Mme O’Grady. « Il peut s’agir d’une option qui s’offre dans votre entreprise. »

S’il le faut, il est possible que vous deviez informer votre compagnie d’assurance responsabilité civile professionnelle. Toutefois, il doit s’agir d’un choix éclairé, un choix que vous faites après avoir discuté de votre erreur avec quelqu’un qui est de votre côté et qui possède les connaissances juridiques pour vous prodiguer des conseils précis.

Restez sobre

« L’abus d’alcool et de drogues a réparé toutes mes erreurs. » Voilà une phrase que personne n’a jamais prononcée. Lorsque vous commettez une erreur grave qui doit être abordée, choisir l’échappatoire de l’abus d’alcool ou d’autres drogues est toujours une mauvaise décision.

Admettez votre erreur

Une fois que vous acceptez avoir commis une bévue, que vous avez documenté ce qui est arrivé et que vous avez consulté des personnes de confiance qui connaissent bien la portée réelle de votre erreur et de ses possibles conséquences pour vous, pour votre entreprise et pour vos clients, le temps est venu de passer aux aveux.

Prenez rendez-vous avec votre superviseur afin de lui dire ce qui est arrivé. Vous pouvez aussi lui fournir une copie de vos documents.

Si vous avez des craintes par rapport à l’équité du traitement que vous réservera votre superviseur, admettez votre erreur à quelqu’un de confiance qui occupe un poste plus élevé. Passez tout de même aux aveux et ne remettez pas votre confession à plus tard.

« La chose la plus importante pour un jeune juriste est d’approcher son patron le plus tôt possible et de faire preuve de franchise », déclare Susan Sack, avocate spécialisée en négligence professionnelle et associée chez Rosen Sack s.r.l., à Toronto. « Essayez de corriger votre erreur et ne la dissimulez pas. Dites à votre patron ce qui est arrivé le plus directement et clairement possible. »

Soyez calme, mais repentant

Lorsque vous admettez avoir commis une erreur à un superviseur, il vous faut trouver l’équilibre entre contrôler vos émotions et faire acte de repentance. Vous devez tenir compte des intérêts du cabinet et des clients concernés, et préciser que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour minimiser et pour réparer les dégâts causés à ces parties.

Tirez profit de la situation

La façon dont vous admettez avoir commis une erreur laissera une certaine impression à votre superviseur. Si vous admettez votre erreur d’une manière mature, ouverte et professionnelle, cette impression peut être positive, car rien ne révèle mieux le vrai caractère d’une personne que la façon dont elle compose avec ses erreurs.

« À mon avis, c’est la capacité d’une personne de gérer ses erreurs qui détermine si elle est bonne ou non dans son travail », croit Valentin Erikson, propriétaire et premier avocat du cabinet Erikson Law Firm d’Ottawa. « Au bout du compte, nous sommes dans l’industrie de la résolution de problèmes et qu’est-ce qu’une erreur si ce n’est un problème? »